Il y a 80 ans, quatre jours après le débarquement allié en Normandie, un acte de résistance tournait au drame sanglant à Issoudun.

Un des dessins d’Alain Vigouroux retraçant cette tragique journée

Au quotidien on abrège souvent en « place du 10 Juin » en laissant de côté l’année : 1944. Une précision qu’il est nécessaire de rappeler et de comprendre. Surtout aujourd’hui, quatre-vingts ans plus tard, alors que les tentations venimeuses du nationalisme et de la haine ressurgissent en un printemps mauvais.

Le 10 juin 1944, un petit détachement du groupe Indre-Est de l’Armée Secrète de la Résistance, commandé par Jean-Marie Peyroutet alias « capitaine Jimane », alors âgé de 26 ans, pénètre dans Issoudun. Le groupe se sépare en deux : quelques hommes se dirigent vers la gendarmerie, place du Sacré-Coeur pour demander aux gendarmes de déposer les armes et de les rejoindre. L’autre se dirige vers ce qu’on appelle alors la place des Marchés. C’est
là que le drame a lieu.

Il est midi. Informés par des affiches posées une demi-heure plus tôt, des centaines d’habitants se sont rassemblés sur la place. Un jeune homme de 17 ans tente de hisser un drapeau bleu-blanc-rouge qui se dresse sur la place, près du Beffroi. Il y a un contretemps, car les cordes ont été retirées ; le résistant part chercher du matériel, on perd une heure.

11 victimes

Au bout du boulevard Stalingrad, des blindés apparaissent. Selon les témoignages, certains croient à l’arrivée des Américains, d’autres s’écrient « les boches ! ». On disait comme ça à l’époque. Une fusillade éclate, c’est la panique. Le jeune René Aubrac est fauché de sept balles dans les jambes. Il survivra. Certains se réfugient dans les toilettes publiques qui se trouvaient entre le Beffroi et la Poste. Les Allemands les exterminent. Un résistant de 16 ans, André Audoux riposte avant de réussir à prendre la fuite. En quelques minutes, la ville vient de perdre onze habitants. D’autres sont blessés à vie, beaucoup sont marqués psychologiquement.

La fusillade du 10 juin 1944 restera un traumatisme collectif pendant des années, avant que l’oubli ne s’installe peu à peu. C’est pourquoi il est important de se souvenir et de rendre hommage aux victimes et à tous les résistants de cette période, hommes et femmes qui se sont engagés pour défendre une belle idée de la France, celle de la liberté et de la démocratie face aux forces de mort du nazisme.

COMMÉMORATION en hommage aux victimes de la violence nazie

Un hommage sera rendu aux victimes de la barbarie hitlérienne lundi 10 juin à 11 heures, sur la place du 10 Juin 1944 devant le beffroi, en présence d’André Laignel, maire d’Issoudun, Mme Christelle Fuché, sous-préfète d’Issoudun, de Tony Ben Lahoucine, adjoint aux associations culturelles, à la citoyenneté et aux associations patriotiques ainsi que des représentants des associations patriotiques.

Un court-métrage pour en savoir plus

En 1994, Laurent Mabed recueille les témoignages inédits de survivants de cette tragique journée et réalise le film Issoudun, le 10 juin 1944 : la fusillade de la Place des Marchés avec des illustrations d’Alain Vigouroux.
Ce court-métrage est disponible gratuitement sur la plate-forme Mémoire Ciclic.